CHAPITRE 4

Bill regarda par la fenêtre de la suite d'hôtel et respira profondément.

Ils étaient officiellement en vacances. De vraies vacances, pas quelques jours de pause à la maison, mais un vrai séjour aux Maldives. Leur petite tournée s'était très bien passée et leurs ventes d'albums augmentaient régulièrement. Jost leur avait donné le feu vert pour se détendre et simplement… se laisser vivre.

"Tu es réveillé?"

Bill se tourna pour voir Tom assis dans le lit. Bill sourit et s'approcha de lui. Il était resté dans la chambre de Tom depuis qu'ils étaient là. Jost avait réservé des chambres séparées pour chacun des garçons mais Bill n'avait même pas vu sa propre suite. Ses affaires étaient éparpillées partout sur le sol, de même que ses vêtements de la veille.

"Bonjour," dit Bill, se glissant sur le lit et pinçant l'épaule de Tom de sa bouche.

"Hmm," répondit Tom en se frottant le visage. "Rha, il fait chaud ici."

"J'aime bien ça," dit Bill, le menton sur l'épaule de Tom. "Ça change."

"Ça fait transpirer." Tom poussa ses cheveux de sa nuque et les tint en pile sur le dessus de sa tête où il les attacha en un gros paquet. "Et c'est lourd. Rha."

Bill éclata de rire. Il repoussa les couvertures avec ses pieds et mis ses jambes sur les cuisses de Tom. "Peut-être que tu devrais te couper les cheveux."

Tom envoya un regard à Bill. "Pas question. Toi tu devrais." Il tira une longue mèche de cheveux et la laissa tomber dans le visage de Bill. Bill souffla pour la repousser de côté. "J'ai besoin de me doucher."

"Moi aussi," dit Bill. Ils ne s'étaient pas lavés ensemble depuis un long moment, et Bill pensa que peut-être, enfin, ils pourraient coucher ensemble. Ils ne l'avaient pas fait à proprement parler depuis la tournée, et ça faisait presque deux semaines. Bien sûr ils s'étaient tripotés et avaient atteint leur plaisir par d'autres moyens, mais la sensation de Tom jouissant en lui manquait à Bill. La proximité qu'il sentait avec son frère lui manquait. Dernièrement, Tom avait été beaucoup plus enthousiaste pour sucer Bill que d'habitude, et Bill appréciait cela. Mais il ne pouvait pas s'empêcher de se sentir légèrement rejeté.

"Tu peux venir si tu veux, mais il fait si chaud," dit Tom en se levant du lit et en se penchant pour attraper son boxer. "Pff. J'ai pas envie de m'habiller."

"Alors ne le fait pas, on a qu'à rester ici toute la journée," dit Bill en souriant.

"Ouais," rit Tom. "Pas question, j'enfile un short et je saute dans une piscine aussi vite que possible."

"Alors pourquoi prendre une douche?"

"Oh, ouais. T'as raison." Tom commença à fouiller dans sa valise et Bill fronça les sourcils, se fouttant presque une baffe. Il avait encore loupé l'occasion d'avoir du sexe.

Il grimaça et s'écroula sur le lit.


**


Cette nuit là, les quatre garçons se retrouvèrent dans un club local. Ils avaient été entraînés dans une intime section VIP et Georg et Gustav étaient bien partis pour être complètement déchirés. Tom n'était pas loin derrière et Bill touchait à peine son verre.

"Qu'est ce qu'on va faire pour le réveillon demain?" demanda Bill en regardant Tom.

Tom but la dernière gorgée de sa boisson et haussa les épaules. "Je sais pas. Revenir ici?"

"Vous avez le droit de rester debout jusqu'à minuit maintenant les mecs?" taquina Georg.

"Oui, en fait ta mère va être ma baby-sitter," rétorqua Tom. "On a une sacrée soirée de prévue."

Georg fronça les sourcils et leva les yeux au ciel. "Je suis trop bourré pour savoir si tu dis vrai ou pas."

"Je dis la vérité," dit Tom.

Georg le fixa. "Quoi?"

"Non, abruti, ta mère n'est même pas là," répondit Tom en lui lançant un glaçon.

"Tom, t'es une vraie salope," dit Georg. Il prit une longue gorgée de sa bouteille de bière. "Est-ce que ta bite ne connaît pas de limite?"

Gustav ricana et Bill pensa que Tom avait l'air plutôt fier.

"Je sais quand la garder dans mon froc," dit Tom. Il regarda Bill, les yeux sombres. Bill en gémit presque.

"Ah ouais?" demanda Georg. "Et cette soirée où tu m'as piqué mes deux coups?"

Tom posa son verre et fixa Georg. "Je vois pas ce que tu veux dire."

"Tu sais, y'a deux semaines à peu près… on était à cette soirée. Bordel, tu devais avoir de bonnes phrases de drague sur toi."

"Fais pas ton connard, je ne t'ai piqué aucun coup," dit Tom rapidement. Le ventre de Bill commença à se tordre.

"Cette nuit là, Gustav et moi on est restés à l'hôtel," dit Bill doucement. Sa voix était à peine audible par-dessus la musique, mais Tom l'entendit. Bill savait qu'il l'avait entendu.

"Personne ne veut entendre parler de ça," cracha Tom.

"Oh, oh!" dit Gustav, en claquant son verre sur la table. "Je suis pas d'accord! Georg, Je veux les moindres petits détails sur ton échec à conserver ne serait-ce qu'une fille."

Tom grogna fortement et se leva. "C'est chiant, partons d'ici."

"Je passe un très bon moment," dit Bill clairement. "Qu'est ce que tu disais, Georg?"

"En gros, j'avais deux putains de filles avec moi, et la minute qui suivait, Tom les avait. Je les ai vus partir ensemble. Et non je ne suis pas amer," ajouta Georg en secouant la tête et en souriant malicieusement. "Une à chaque bras, les mains sur leurs deux culs. En fait j'étais impressionné."

"Vraiment," dit Bill en regardant intensément Georg. "Qu'est ce qui s'est passé après?"

"Pfft. Je sais pas. Je veux dire, je peux le deviner," rit Georg.

"Moi aussi," murmura Bill. Il sentit une chaleur monter dans son ventre et il voulait s'enfuir, partir d'ici. Ses joues le brûlaient et il regarda enfin Tom. Tom le fixait, mais il détourna les yeux aussitôt que Bill croisa son regard.

"C'était pas…" Tom s'assit et posa son verre. "Tais toi."

"Tom, est ce que tu rougis ?" demanda Gustav en riant.

"J'ai dit tais toi," dit Tom la voix plus forte.

"Oh, Aller," dit Georg. "Tu dois me dire si oui ou non les seins de la blonde étaient vrais. S'il te plait, j'en peux plus. C'était quoi son nom? Ann… quelque chose…"

Bill releva brusquement la tête et se pencha sur la table. "Qui?"

"Ann-Kathrin," dit Tom en fixant la table.

"Bordel de merde!" dit Bill incapable de se retenir. " Elle ?!"

"Il n'y avait rien d'anormal avec celle là," dit Georg. "A moins qu'elle n'ait eu une difformité affreuse en dessous de ce haut sans bretelles."

"Et le fait que c'était une grosse pouffiasse?" dit Bill. Il avait envie de frapper Tom et Georg, l'un après l'autre. Il avait aussi envie de pleurer, mais il ne pouvait pas faire ça. Il voulait juste partir.

"Ça n'a pas d'importance que ce soit une pouf ou pas," dit Georg. "Mais tu ne sais pas grand-chose de ces trucs de grands, Billy, pas vrai?"

"Ne m'appelle pas comme ça." Bill savait que c'était dit pour rire, mais son visage brûlait. "Peut-être que je ne veux pas être un couche-toi-là sans cervelle, comme certaines personnes." Il regarda de Georg vers Tom. Gustav ricanait doucement.

"Peu importe," dit Tom. "Je peux offrir un autre verre à tout le monde?"

"Ne change pas de sujet," dit Gustav.

"Non, merci," dit Bill à Tom, froidement. Tom envoya à Bill un regard implorant, mais ça ne l'énerva que davantage. "Alors, Tom, tu l'as baisée?"

"Et sa copine," grogna Georg. "Elles étaient chaudes toutes les deux… putain. Plus chaudes que les filles qu'on a levé l'autre fois."

"L'autre fois?" dit Gustav en fronçant les sourcils. "Ah ouais. J'étais là."

"J'étais où, moi?" demanda Bill lentement.

"Tu dormais, t'avais un rhume," dit Georg en haussant les épaules. Bill prit un air méprisant. Il regarda Tom qui était resté plutôt silencieux tout ce temps là. Il fixait son verre à présent, les lèvres serrées.

"Wow, Je savais pas que vous étiez sortis ce soir là, les gars," dit Bill doucement. Il cligna des yeux quelques fois pour s'empêcher de pleurer. Il était vraiment furieux et avait besoin de se casser de là.

"Je n'ai baisé personne ce soir là," dit Tom.

"Mais tu as baisé Ann-Kathrin et sa copine?" Bill n'essayait même plus de cacher le dégoût dans sa voix.

"Oui, plus de détails sur ça," dit Georg d'une voix traînante.

"Ouais," marmonna Tom. "Content là?"

"Foutrement ravi," dit Bill. Il se leva. "Bye."

"Oh, fais pas ta garce," dit Georg en riant. "Si tu veux des filles, tu dois sortir avec nous, Bill."

Bill serra les poings. "Je veux pas sortir avec vous et me taper des filles, et ne me traite pas de garce."

Georg rit un peu plus. "Garce," dit-il. Tom tressaillit visiblement à ces mots.

"Je suis sérieux," dit Bill à travers ses dents.

Georg sembla comprendre que Bill ne plaisantait pas et son sourire se transforma vite en grimace. "Qu'est ce que t'as dans le cul? Juste parce que certains d'entre nous aime les filles…"

"Qu'est ce que tu as dit?" dit Bill, le regard noir.

"Tu t'énerves à chaque fois qu'on sort, j'ai pigé," dit Georg. Il se pencha en arrière, souriant paresseusement.

"Ta gueule," dit Tom d'un ton d'avertissement.

"Hey, j'ai rien contre les PDs," dit Georg. Il sourit et Bill recula d'un pas.

Tom se leva et contourna la table vers Georg. Puis, il cracha dans sa main, forma un poing, et frappa Georg fort, en plein dans l'œil.

"Qu'est ce qu'y a, bordel??" cria Georg en se levant. Tom laissa retomber son bras à son côté et Gustav se précipita aux côtés de Georg et le maintint assis en le tenant par l'épaule. "Putain lâche moi, Gustav!"

Tom recula de quelques pas incertains, puis se tourna et partit. Georg se débattait pour se lever, son œil enflait déjà. "Putain!"

"Georg," dit Gustav d'une voix forte, retenant vraiment Georg. "Il est parti, assied toi."

"Putain, il m'a collé un pain!"

Bill était bouche bée, la bouche grande ouverte. Son regard passa de Georg à Gustav, puis de nouveau à Georg. Il ne pouvait pas former de mots. Il se contenta de sortir brusquement du club, dans la direction qu'avait prise Tom. Par chance, il ne vit Tom nulle part et ne s'arrêta pas pour se demander où son frère avait pu aller. Bill continua à marcher jusqu'à rejoindre l'hôtel

Puis il fit quelque chose qu'il n'avait pas fait avant. Il prit la carte de sa propre chambre d'hôtel dans sa poche et entra dans la pièce inutilisée. Il n'y avait rien à Bill là dedans; tout était dans la chambre de Tom. Bill grogna et de rendit compte qu'il était finalement tout seul.

Il s'assit sur le lit et se prit la tête dans les mains. Il se tira les cheveux alors que des larmes chaudes lui piquaient les yeux.

"Je suis tellement pathétique," gémit-il. Il roula sur le côté et serra ses bras autour de son corps. Ses larmes lui brûlèrent les joues et il laissa échapper un sanglot douloureux. Il n'avait aucun contrôle sur ses sentiments et il se détestait. Pourquoi ne pouvait-il pas être plus comme Tom? Ils étaient jumeaux, pas vrai? Pourquoi est ce qu'il ne pouvait pas s'en foutre et faire juste ce dont il avait envie?

‘Tu ne veux pas ce que Tom veut,' dit une voix dans sa tête.

Ce que Bill voulait le plus était Tom. Cette pensée tomba dans son ventre comme une pierre. Il voulait juste son frère et c'était tellement la merde qu'il en tremblait contre le matelas. La situation ne pouvait pas se finir bien pour lui.

Il ferma les yeux, empêchant les larmes de couler, et tint une main contre sa bouche. Rien ne pouvait sortir ainsi. Il trembla sur le lit et s'endormit lentement.

 

Environ une heure plus tard, il rêvait de Kasimir et de sa mère. Il était au chaud, en sécurité. Puis quelque chose lui toucha le visage et il se réveilla en sursaut. Aussitôt, il sut que c'était Tom. Il repoussa la main de Tom, et roula dans son cousin.

"Je ne veux pas te voir," dit-il, la voix étouffée.

"Je le sais," dit Tom doucement.

Bill ne se retourna pas. Il resta comme il était et sentit le matelas s'affaisser à côté de lui. "Va t'en," marmonna Bill. "Je sais que tu n'as pas envie d'être ici. Arrête de me balader."

"Bill."

Finalement Bill se retourna. Sa peau était chaude et il sentait des traînées de maquillage sur son visage. Ses cheveux étaient collés à son front. Tom avait l'air aussi misérable que se sentait Bill.

"Qu'est ce que tu veux?" demanda Bill d'une toute petite voix confuse. Il plaça la paume de la main sur le côté de Tom et tenta de le repousser. Tom se balança vers l'arrière, mais resta en place en fronçant les sourcils.

"Je suis désolé," fut tout ce que dit Tom.

"Tu es désolé." Bill s'assit, renifla, et repoussa ses cheveux de son front. "Ok, tu es désolé. Quoi?"

"Je suis désolé," répéta Tom. "Je suis tellement désolé. Je ne voulais pas que tu le découvres… comme ça."

"Ou du tout?" soudain, Bill se sentit de nouveau furieux, et il était dégoûté de Tom. Il descendit du lit et se tint debout, tendu, de l'autre côté. "Oui, ça aurait été plutôt chouette si je n'avait jamais rien su."

"Non," dit Tom en secouant la tête.

Bill haussa les épaules. "Putain, c'est pas comme si j'avais la moindre importance. Je suis juste ton frère que tu baises de temps à autres."

"Ce n'est pas-"

"Tom," dit Bill d'une voix forte. "Pour une fois, je vais te le demander. C'est quoi ton putain de problème?"

"Mon problème…" Tom mit sa tête dans ses mains. "Tu es mon problème."

La lourde pierre dans le ventre de Bill tomba encore plus bas. "Moi?"

Tom leva les yeux vers lui. "Je devrais pouvoir courir les filles, je n'ai que seize ans. Je ne devrais pas avoir à me sentir mal."

"Mais quoi, c'est le cas? Je suis tellement navré que tu te sentes mal," dit Bill d'une voix sarcastique. Il frappa ses mains contre le mur. "Je te déteste parfois, putain je te déteste."

"Je veux être avec toi," dit Tom. Bill l'entendit à peine.

"Quoi?"

"Je ne veux pas perdre… ça," dit-il.

"Tu as une drôle de façon de conserver les choses," dit Bill. "Je croyais qu'on avait un accord. Je ne vais pas coucher alentour et je ne veux pas avoir l'impression d'être juste quelqu'un avec qui tu t'amuses. Je ne veux pas être comme elles!"

Tom se leva, contourna rapidement le lit. Ses mains agrippèrent les épaules de Bill. "Je ne peux pas arrêter d'être qui je suis. S'il te plait, est ce que tu ne peux pas l'accepter?"

Bill le repoussa. "Tu veux que j'approuve ça? Tu veux que j'accepte le fait que certaines nuits, tu préfèreras aller baiser une quelconque groupie? Je n'ai besoin de rien d'autre, Tom. Peut-être même que je n'ai pas besoin de toi."

"Ne dis pas ça," dit Tom. Il s'avança d'un pas mais Bill s'éloigna.

"Non. J'en ai marre de jouer selon tes conditions. Va baiser à t'en rendre malade, Tom, mais tu ne peux pas m'avoir moi et elles."

"Bill," dit encore Tom. Sa voix était douce et fatiguée.

"Je ne vais plus attendre ton bon vouloir," dit Bill. "Tu ne m'as pas baisé depuis des semaines… Je suppose que je sais pourquoi. Etais tu au courant qu'Ann-Kathrin m'a traité, en gros, de sale PD?"

"Je viens juste de frapper Georg dans sa putain de gueule pour t'avoir appelé comme ça," répondit Tom en levant les mains.

"Ouais. Frappé. Pas baisé, Tom." Bill soupira et s'assit en secouant la tête. Il fit courir une main dans ses cheveux. "Ça ne fonctionne pas. Je peux pas faire ça."

"Arrête."

"Tu ne peux pas me dire ça," dit Bill d'une voix sèche. "Tu ne peux pas me dire quoi faire."

"Ce n'était pas ce que je faisais," dit Tom calmement. Il mordillait furieusement son piercing à la lèvre, Bill savait qu'il faisait ça quand il était vraiment stressé. "Je n'ai pas pu m'en empêcher."

"Tu n'as pas pu t'empêcher de coller ta bite dans une fille, je sais," répondit Bill. "Bien, ok, super. Je suis content qu'on ait réglé ça."

Bill s'arrêta et regarda son frère. Tom fixait le sol, plus une trace d'émotion sur son visage.

"Tom, je t'aime. Vraiment, putain. Mais je ne te fais pas confiance et je ne peux plus… avec toi," dit Bill.

"Bill." Tom avait un regard désespéré. "Tu es la seule personne qui compte pour moi dans le monde entier."

"Oh?" Bill lui lança un regard noir.

"J'aime les filles," dit-il doucement. "Je ne le contrôle pas."

Le coeur de Bill battit fort dans sa poitrine. "Et moi tu ne m'aimes pas?" demanda-t-il doucement.

"Bien sûr que si ou je ne…" il n'acheva pas sa phrase.

"me baiserais pas?" demanda Bill. "On en a déjà parlé avant. Tu dit que je ne suffis pas."

"Je dis que je suis un mec de seize ans," dit Tom en soupirant.

"Et tu veux te taper des filles."

"Oui," dit Tom. Il détourna le regard de Bill.

"Tu ne peux pas avoir les deux, tu sais," dit Bill en haussant les épaules. Il repoussa ses cheveux en arrière et expira fortement. "Tu baisais à droite et à gauche, alors tu ne me baisais pas. Nom de dieu de merde, Tom. Tu ne pouvais même pas être honnête avec moi."

"C'est pas ça."

"Parce que je n'était pas suffisant ou parce que tu pensais que ça ne serait pas aussi bien avec moi?"

Tom leva une épaule et la laissa retomber lourdement. "Je ne voulais pas faire ça avec toi avant d'avoir éclairci les choses."

"Parce que je suis ton frère." Bill se sentit nauséeux en regardant Tom.

"Ce n'est pas tellement le fait que tu sois… mon frère, peu importe. C'est que…" Tom remua et fit une grimace.

"Je ne suis pas une fille," suggéra Bill.

"C'est plus facile pour toi," dit Tom doucement.

"Parce que je suis un PD, c'est vrai," dit Bill sèchement. "J'aime aussi les filles, Tom."

Tom le regarda et cligna des yeux. "Ouais?"

Bill soupira. "Quoi qu'il en soit. Comment tu as pu, Tom?"

"Je ne veux pas me battre avec toi, Bill. Qu'est ce que je peux faire?"

Bill s'approcha du lit, une main sur la hanche. "Arrêter d'être toi."

"Je ne peux pas faire ça." Tom se leva et ils étaient face à face. "Tu penses que je suis une mauvaise personne?" Bill avait envie de balancer un "oui" mais Tom lui semblait vraiment petit et vulnérable à cet instant.

"Non," dit Bill. "Ça serait plus facile si tu l'étais."

"Qu'est ce qui serait plus facile?" Les sourcils de Tom étaient froncés ensemble, ses yeux semblaient scruter Bill à la recherche de réponses.

"Je ne peux plus… jouer ce jeu avec toi," dit Bill.

"Depuis quand est ce qu'on joue à un jeu?" Tom semblait blessé, vraiment blessé. Si Bill était un être humain plus dur, il se serait senti triomphant. Mais il se sentait seulement triste. Tout son être était épuisé et baigné de peine.

"Tu diriges le spectacle. Tu décides quand on s'embrasse, quand on baise, quand on fait quoi que ce soit d'intime. Si je savais que tu me veux vraiment, que c'est réel, ça irait. Mais tu ne me donnes rien à quoi me raccrocher," dit Bill. Il avança sa main et toucha le visage de Tom. "Mais je t'aime toujours."

Tom ferma les yeux et souffla. "Je te veux vraiment," dit-il

"Tu veux un tas de choses," fut la réponse de Bill. Il recula et marcha jusqu'à la porte. "Tu dois partir."

Tom resta près du lit. "Non, Bill, je—"

"Ce n'est pas une demande," dit Bill en essayant de rester froid et ferme. Tom ne bougeait toujours pas. "Maintenant."

"Mais je veux régler ça."

Bill ouvrit la porte. "Tu dois régler ça avec toi même."

"Laisse moi rester," dit Tom doucement.

"Pour une fois, c'est moi qui décide. Tu pars." Bill regarda le sol et garda un souffle régulier. Il savait qu'il changerait d'avis s'il voyait son frère. Son cœur se serra quand il entendit enfin des pas s'approcher de lui.

"Rappelle toi seulement que c'est toi qui a voulu que je parte," dit Tom alors qu'il passait devant Bill. "Ne me le reproche pas plus tard."

Bill ne pouvait même pas réagir à ça. Il en avait dit assez, et quoi que ce soit d'autre n'apporterait que plus de souffrance. Il ferma simplement la porte après son frère et mis le verrou.

Puis, il se tourna et regarda la très grande, très vide chambre d'hôtel. "Et merde."

Bill s'assit sur le sol et appuya son dos contre la porte. Il leva ses genoux à son torse et y enfouit son visage. Il n'y avait rien qu'il puisse faire.

 

"C'est… différent."

Bill fit courir ses doigts dans ses nouveaux cheveux plus longs et regarda dans le miroir. Avec cette nouvelle coiffure, il avait l'air plus vieux, plus doux. Il avait l'air plus posé. Il n'était plus un petit garçon.

La styliste hocha la tête avec approbation et se pencha à côté du visage de Bill. "C'est génial. Il y a autre chose que tu voudrais faire?"

"Hum." Bill plissa les yeux vers son reflet et toucha la zone sous ses yeux. Son eyeliner avait été étalé à la va vite plus tôt ce matin là, et ça ne semblait plus approprié sur lui. "Non, je pense que c'est bon. Merci beaucoup."

La femme lui sourit. "Le maquillage ne va pas vraiment avec les cheveux," dit-elle gentiment. Bill savait qu'elle essayait de faire une gentille suggestion. Elle ne savait probablement pas si elle avait affaire à une diva ou pas.

Bill hocha la tête. "Vous avez raison. Ça a l'air un peu…"

"Négligé?"

Bill rit. "Je ne le mets jamais en essayant que ça soit joli."

"Et maintenant tu le veux?"

Bill regarda la styliste. Elle était petite, fine et très élégante. Son maquillage était sombre, aussi sombre que le sien. "Je pense que oui."

La styliste se pencha et attrapa quelques brosses et ombres à paupière. "Je peux aider." Elle allait lui toucher le visage et il recula un peu.

"Je promets que je ne suis pas un dingue," dit Bill. "J'ai une sorte de phobie que des personnes que je ne connais pas vraiment touchent mon visage. Désolé. Je sais que c'est bête."

Elle se contenta de sourire. "Je peux te montrer. Prends une brosse."

Il prit une brosse, de l'eyeliner et du mascara.

"Regarde comment je fais," dit-elle. Ce que fit Bill. Au moment de sortir du bâtiment, il se reconnaissait à peine.



**



"Putain de merde!" cria Gustav. "Qu'est ce…"

Bill lui lança un regard. "Quoi?"

"Quand est ce que tu..." Gustav fit un geste vers les cheveux et le visage de Bill avec ses baguettes. Ils étaient dans la salle de repos et Bill revenait juste du styliste.

"Oh, J'ai oublié que j'avais le maquillage," dit Bill les joues rougissantes. "Je sais pas si je vais le garder."

"C'est hum… pas mal," dit Gustav. "T'es mignon. Je veux dire, pas mal, pas mal."

Les yeux de Bill s'écarquillèrent un peu. "Est-ce que tu viens de dire que j'étais mignon?"

Gustav leva les mains en l'air. "Il faut que je retourne avec les mecs, on est en pleine répétition."

"Est ce que Tom y est?" demanda Bill.

"Ouais. Hum, est ce qu'il sait pour le, uh, hum. Toi?"

Bill rit. "C'est si moche que ça?" Bill savait qu'il n'était pas moche. En fait, vu la réaction de Gustav, il savait qu'il était beau. Il sentit un courant de pouvoir le traverser. Ça allait être amusant.

"Tu ressembles… pas à Bill," dit Gustav.

"Alors à qui?" insista Bill.

Gustav était nerveux et il rougit légèrement. "Aller viens, on va aller chercher une seconde et une troisième opinion

Bill rit et il entrèrent dans le studio. En chemin, il jeta un coup d'œil à son reflet dans une vitre teintée et sourit. Son maquillage n'était plus étalé. Il était appliqué avec soin, avec attention. Son assurance grandissait et grâce à l'aide de la styliste, elle ne ferait que s'améliorer.

"J'ai ramené un nouvel ami," dit Gustav d'une voix forte alors qu'ils tournaient un coin pour arriver dans le studio. Bill vit Tom et Georg assis sur deux tabourets, mangeant des restes dans des cartons. Ils levèrent les yeux en entendant Gustav.

Georg cligna des yeux et pendant un instant, Bill crut qu'il se faisait mater. "Bill?" demanda Georg, les yeux écarquillés.

Bill hocha la tête. "Si t'arrives à le croire."

Georg secoua la tête, toujours bouche bée. "C'est intense."

Bill jeta un coup d'œil à son frère. Tom le fixait aussi, mais son expression était indéchiffrable. Cela faisait quelques jours qu'ils s'étaient disputés, et ils ne s'étaient pas beaucoup parlé depuis

"Est ce que les managers sont au courant?" fut tout ce que dit Tom, sans ménagement.

"Jost m'a dit que je pouvais faire ce que je voulais," répondit Bill, essayant d'empêcher sa voix de trembler. Il s'était sentit si sûr de lui, mais Tom avait écrasé ça avec une seule phrase. Bill essaya de bomber le torse. "Je suis le leader. Je dois ressembler à ça."

"Ok," dit Tom en prenant sa guitare pour pincer quelques cordes. "Si tu le dis."

"C'est un look cool," dit Georg en hochant la tête. "Très… David Bowie."

"Nena," ajouta Gustav en riant gentiment.

"Super, je les adore," dit Bill. Il jeta un autre coup d'œil à Tom. Tom le regardait mais dès que Bill croisa son regard, il détourna le sien. "Georg, arrête de me fixer."

Georg sourit. "Est ce que tu portes du gloss?"

Bill lui jeta un crayon. "Oui."

Georg était sur le point de répliquer quand la porte s'ouvrit et Jost entra. "Ok, les mecs, il faut qu'on se mette au boulot parce que—" Sa mâchoire se décrocha. "Tu disais que tu allais juste changer de coiffure!"

"C'est ce que j'ai fait," dit Bill en tirant un peu timidement sur ses cheveux.

"Mais c'est… long," dit David.

"C'est super," dit Tom. Il fixait sa guitare. "Bill est assez grand pour prendre ses propres décisions."

Bill leva un visage littéralement rayonnant vers David. "J'ai seize ans. Et puis, j'atténuerai le maquillage."

David prit une grande inspiration. "Bien parce que j'imagine pas ce que dirait la presse. Ils font déjà toute une histoire de tes ongles noirs et de l'eyeliner."

"Ils peuvent se la foutre où je pense," dit Bill en se grattant le cou. Sa nouvelle coiffure n'était pas longue, mais il n'était pas habitué à avoir quoi que ce soit dans le cou.

"Fait attention à ton langage, tu es une lady maintenant," dit Gustav en souriant.

Bill se renfrogna. "Au boulot."

Les répétitions durèrent une heure et demie jusqu'à ce que les garçons soient trop fatigués pour continuer. Ils laissèrent leurs instruments dans le studio et montèrent à l'étage, sauf Georg et Bill. Georg traînait, trifouillant son ampli, et Bill se regardait encore dans une vitre teintée.

"Je suis désolé, tu sais," dit finalement Georg, d'un ton un peu mal à l'aise. Bill se tourna vers lui et fronça les sourcils.

"Quoi?"

"C'est nul de ne pas m'être excusé aux Maldives, mais on t'a à peine vu après… tu sais. Tom et moi on a déjà recollé les morceaux."

Bill croisa les bras et haussa les épaules. "Tu étais bourré."

"J'étais un connard," dit Georg. "J'étais complètement à côté de la plaque. Tu ne méritais pas d'être traité de… Ouais."

"Tu t'excuses seulement parce que tu trouves que je suis mignon maintenant" répondit Bill

Georg rit. "Gustav a dit que tu étais mignon, pas moi."

"Oh, ouais," murmura Bill. "Bon, c'est pas grave. C'était une soirée de merde."

"Je ne me rappelle pas grand-chose, mais je me rappelle que tu étais furax que Tom ait couché avec ces filles. Qu'est ce qu'il y avait?"

Bill réfléchit vite. "Oh, je connaissais une de ces filles. Elle a dit que j'étais, tu sais, PD."

Georg lâcha un souffle. "Mec, je suis vraiment désolé, alors."

Bill émit un rire forcé. "Ne t'inquiète pas de ça. Je monte, ok?"

Bill sortit de la pièce. Il avait tellement eu l'esprit sur son frère qu'il ne s'était même pas rappelé l'affaire Georg.

Il n'en avait même plus rien à faire.

Il s'aperçut du coin de l'œil dans une fenêtre et sourit. ‘Ce serait mieux de ne pas devenir un complet narcissique avec tout ça,' se dit-il.

Mais bordel, il était beau.

Tom tomba sur Bill à l'extérieur de la fête. "Hey," dit Tom. Bill prit une gorgée de son verre et hocha la tête. "J'ai vu ton… photo shoot dans Bravo. Quand est ce que tu as fait ça?" Bill voyait que Tom était bourré. Ils étaient à cette fête professionnelle depuis des heures et les boissons étaient gratuites et à volonté. Bill ne se sentait pas aussi sobre que ça lui-même.

"Vous autres aviez une journée seulement instrumentale," dit Bill. Il s'appuya contre le bâtiment, observant les gens entrer et sortir. "Qu'est ce que tu fais dehors?"

"Pause clope," dit Tom. Il leva la cigarette allumée vers Bill.

"Non, je suis sorti pour prendre un peu l'air," dit Bill. Bill devait être un peu plus ivre pour commencer à tirer sur une cigarette.

"Je vois que tu n'as pas du tout atténué ton look," dit Tom. Il avait un petit sourire au visage. "David doit en bouffer sa cravate."

"Tout le monde a eu l'air d'aimer jusque là."

"C'est quelque chose," dit Tom en prenant une longue bouffée de sa cigarette. "Bientôt la tournée."

"Encore une semaine," répondit doucement Bill. Il remarqua que Tom se rapprochait de lui. Bill prit la cigarette des mains de Tom, mais il n'en fit rien. Leurs yeux se rencontrèrent. "Ça va être bizarre de retrouver la vie du tourbus."

"Les couchettes," dit Tom en hochant la tête. "Je me souviens des couchettes."

"Je me souviens de la tienne," marmonna Bill. Ils partagèrent le plus infime des sourires et Bill baissa le regard.

"Ça sera cool de retrouver un peu d'intimité. Je sais que le tourbus est petit, mais l'appartement…"

"Je vois ce que tu veux dire." Bill leva la cigarette à ses lèvres et inhala. Il souffla la fumée vers le sol et rendis la cigarette à Tom, leurs mains se frôlèrent.

"Tu veux faire quelque chose ce soir?" demanda Tom. "Après cette fête débile. Regarder un film ou autre chose. Je sais pas."

"Bien sûr," dit Bill. Son ventre ne se tordit pas vraiment, mais il avait chaud. "Mais je choisis le film."

"Peut-être qu'on ne regardera pas vraiment le film."

Tom posa sa main sur le poignet de Bill, le bout de ses doigts chatouillant la peau.

"Tu veux partir maintenant?" demanda Tom.

La tête de Bill bourdonnait à cause du champagne et quand Tom se pencha vers lui, attrapant fermement ses mains, il prit sa décision. "Ouais," dit Bill "Putain, on est là depuis une éternité."

Tom prit une longue bouffée de sa cigarette puis la laissa tomber entre eux. La fumée monta au visage de Bill et il pouvait la sentir. Tom regarda intensément derrière Bill, la tête partant à gauche et à droite, puis il se pencha en avant et vola le plus doux des baisers à Bill. Bill trembla de tout son corps. L'alcool, l'odeur de Tom et la cigarette faisaient bouillonner ses entrailles.

"Tom," dit Bill, ses yeux se fermant.

"Viens, Bill," dit Tom. Il commença à tirer Bill vers la ligne de taxi à côté du bâtiment. Bill résista et il ne savait pas vraiment pourquoi. C'était bon d'être en compagnie de Tom. Il avait chaud malgré le froid du vent.

Bill laissa Tom le tirer cinq pas de plus. Ça frappa Bill. "Merde," dit-il, et il retira sa main de celle de Tom. "Merde."

"Quoi?" demanda Tom.

"Je ne rentre pas avec toi," dit-il. Il se frotta le front et soudain il sentit le froid glacial sur ses joues. Tout son corps était gelé.

"Mais, pourquoi—"

Bill secoua sa main vers Tom. "Je ne suis pas si facile," dit-il. Il tourna les talons et retourna dans le bâtiment. Il avait besoin de mettre une distance de sécurité avec Tom. Il avait besoin d'être avec d'autres gens pour ne pas rentrer à l'appartement avec son frère et se faire baiser.

Et bordel, il voulait se faire baiser. Il avait une érection rien que d'y penser. Il avait envie de céder, de laisser Tom l'utiliser et chasser la tension entre ses cuisses avec une bonne partie de jambes en l'air. Mais il savait que ça ne ferait rien pour soigner la douleur dans son cœur. Il trouva Georg et se jeta sur lui.

"Hey!" dit Georg, les yeux dans le flou. "Quoi de neuf?"

"Rien," dit Bill. "Il me faut un verre."

"Cool," dit Georg. Il but la dernière gorgée de son verre et entraîna Bill vers le bar.

"Commande pour moi, quelque chose de fort," dit Bill à Georg. "J'ai froid."

Georg hocha la tête et la minute suivante, Bill passait un bon moment avec Georg et Gustav. Bill avait vraiment chaud et commençait à oublier pourquoi il avait commencé à boire au départ. Ils restèrent jusqu'à la fin de la fête et rentrèrent à l'appartement en taxi à deux heures du matin.

"Laissez nous là," dit Georg au conducteur en lui lançant de l'argent. Le chauffeur grogna et se gara sur le côté de la route, à environ cinquante mètres de l'appartement. Bill plissa les yeux et émit un son plaintif. Il en avait marre de marcher.

"Après toi," dit Georg en faisant un geste vers la porte. Bill sortit et descendit sur le trottoir. Il frissonna, enroulant ses bras autour de son corps fin.

"Bordel, il fait sacrément froid!" cria Bill. Il trébucha un peu et reprit son équilibre. Georg rit.

"J'arrive pas à croire que Gustav soit parti avec cette fille," ricana-t-il. "Elle avait probablement trente ans."

"On aurait du lui demander sa carte d'identité," dit Bill. Il sauta sur un petit muret et commença à se balancer maladroitement dessus. "Au moins quelqu'un va coucher ce soir."

"Je sais pas. Je ne serais pas surpris s'ils allaient chez elle et jouaient à un super jeu de… merde… cartes." Georg fouilla dans ses poches pour trouver ses clés. "Ça m'étonne que tu n'ais pas eu plus de propositions."

"Quoi?" Bill tangua et sauta du muret. "Qu'est ce que tu veux dire?"

"Je veux dire… Regarde toi," répondit Georg. "Tu es…"

"Quoi?"

Georg cogna son épaule dans celle de Bill. "Si tu étais une fille je—"

Bill fronça les sourcils. "Tu quoi?" Il n'était pas assez bourré pour laisser Georg s'en tirer avec ce genre de discours.

"Je t'embrasserais," dis Georg. Bill émit un bruit et Georg attrapa ses bras, le tirant près de lui.

"Hum, Georg," marmonna Bill. Georg le regarda avec les yeux troubles.

"Tu portes du gloss," dit Georg. Il avança son visage et essaya d'embrasser Bill. Heureusement, il était trop bourré et Bill pas assez. Georg manqua son coup et Bill esquiva.

"Qu'est ce que tu fous?" demanda Bill, incapable d'arrêter de rire. Il regarda Georg. "Georg, est ce que tu viens d'essayer de m'embrasser?"

Georg rougit et trébucha vers l'avant. "Peut-être mais je suis parti sur le côté et j'ai raté."

"Ne le prends pas trop mal," dit Bill. "T'es un mec super, tu n'es juste… pas mon genre." Ils rirent tous les deux et Georg jeta un bras autour des épaules de Bill. "Ne prends pas trop tes aises," l'avertit Bill.

"C'est un bras amical," dit Georg. "Une montée virile des escaliers."

Bill hoquetait de rire. "T'as essayé de m'embrasser. Je ferais mieux de m'en souvenir demain matin, je vais le dire à tout le monde . Enfin, tout le monde sauf Tom."

"Pourquoi pas Tom?" Georg ouvrit la porte de l'appartement et commença la difficile montée des escalier grinçants. Bill traînait derrière, agrippant la rambarde.

"Il me tuerait." Bill y réfléchit à deux fois. "Non, il te tuerait, toi."

"Il me foutrait encore son poing dans la gueule, hein?" dit Georg. Il se retourna et regarda Bill. "Non, c'est plus grave que ça, pas vrai?"

Bill haussa lentement les épaules. "Oublie tout ce que j'ai dit."

"Je vais sûrement oublier," répondit Georg. "Il est très protecteur envers toi."

"Vraiment?" Bill était secrètement ravi que ça ne soit pas tout dans sa tête. Peut-être qu'il comptait vraiment plus pour Tom qu'il ne le pensait. "Comment, par exemple?"

Georg pointa son visage. "Le bleu est presque parti, Dieu merci."

Bill grimaça. "Quoi d'autre?"

"C'est juste qu'il… te surveille, je sais pas. Je me gèle les couilles, on peut monter?" Georg n'attendit pas de réponse, se tourna et commença à monter les escaliers.

"Ouais," dit Bill. Il se sentait déssouler. Quelques minutes auparavant il riait et passait un bon moment mais depuis le retour à l'appartement, plus rien ne semblait drôle.

En montant les escaliers, il se demanda s'il aurait du aller avec Tom plus tôt. Il en avait eu envie. Si Georg n'avait pas été là, Bill aurait profité du fait que Tom et lui soient seuls, et il l'aurait rejoint au lit. Une partie de Bill était soulagée que ça ne puisse pas arriver.

Une autre partie de lui n'en avait presque rien à faire que Georg soit là.

Bill avait envie de Tom et chaque pas vers l'étage le fatiguait un peu plus. Il se débarrassa de ses chaussures en arrivant en haut et commença à tirer son T-shirt par-dessus sa tête. Georg était dans la salle de bain, et Bill décida de faire l'impasse sur le démaquillage. Tout ce qu'il voulait, c'était s'allonger.

Quand il entra dans la chambre avec les quatre lits défaits, il vit que Tom était déjà là, endormi.

Endormi dans le lit de Bill.

Bill fronça les sourcils et ralentit ses mouvements. Est-ce que Tom voulait que Bill le rejoigne ou bien avait-il été trop bourré pour trouver son propre lit? Bill décida de ne pas en faire toute une histoire. Il ne voulait pas refaire cette erreur, pas avec Tom. Il retira son pantalon en silence et il s'étala au sol à ses pieds. Juste en boxer, il s'avança furtivement dans la pièce, s'arrêtant près des lits.

"Tom," chuchota Bill doucement. Il ne voulait pas le réveiller. Aucune raison. Au lieu de ça, Bill se pencha, plaça un doux baiser sur l'épaule de Tom et grimpa dans le lit vide de Tom pour dormir.

 

FIN CHAPITRE 4

 

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